É certamente um dos mais imaginativos e solidamente informados analistas políticos: Alexandre Adler, cronista do Figaro:
Dans le cas Obama, l'intuition est bien là : celle d'une crise globale et irréversible d'une matrice adoptée par la classe dirigeante américaine de longue date, c'est-à-dire à l'avènement de Ronald Reagan en 1980, là encore au cœur d'une grande crise, mais celle-là géopolitique. Le programme reaganien consista donc à former une coalition extérieure purement politique, incluant l'Europe, la Chine et le Japon et, dans le même temps, sur le plan intérieur, à démanteler les structures fondamentales d'un Parti démocrate déclinant. En échange, la fin du corporatisme syndical fut effectivement compensée par le plein-emploi, fondé sur les services avec des salaires médiocres, et la promesse d'une propriété immobilière pour tous.
Aujourd'hui, tous les éléments issus de cette matrice sont tombés en panne : une armée technologique gigantesque qui ne sait pas très bien mener une guerre révolutionnaire sur un terrain où l'infanterie, le renseignement, la capacité de reconstruire une société ont remplacé la haute technologie, le nucléaire et même les porte-avions. L'agressivité de l'islamisme, plus diffuse que celle du soviétisme, n'a nullement été vaincue. La progression des emplois de service est désormais bloquée tout à la fois par les inégalités de la distribution des revenus et la concurrence accrue des pays émergents. Quant à l'accès à la propriété, il a tout simplement donné naissance au problème des subprime.
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Le génie de Barack Obama aura été d'emblée d'inscrire sa candidature dans un double refus, celui des syndicats et des corporations et celui de la prolongation du modèle reaganien. Pour floue qu'ait pu être cette ambition, elle rencontrait néanmoins une réalité de plus en plus fortement ressentie jusqu'à l'explosion finale du 15 septembre 2008, mais aussi la volonté des classes moyennes d'un monde de hautes technologies de donner naissance à un programme fondé davantage sur l'éthique que sur la revendication, sur la mutation des valeurs plutôt que sur la redistribution immédiate et insouciante.
C'est ce programme original qui aboutissait, comme dans une conclusion bien tournée, à faire d'un Afro-Américain, issu tout à la fois de Harvard et du travail social du South Side de Chicago, l'incarnation d'un nouveau paradigme (...)"http://www.lefigaro.fr/debats
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